Vacarme 22

hiver 2003

Vacarme 22

À nos lectrices et lecteurs

Ce numéro, Vacarme 22 (hiver 2003), est désormais archivé et tous ses articles sont accessibles dans leur intégralité. Vacarme aime la gratuité, mais une revue existe grâce à ces abonné·es.

Éditorial

Entretien

Gilles Sainati

Du refus de la neutralité de la justice au combat contre le tout-répressif, du dialogue avec Foucault et Bourdieu à l’affrontement avec Nicolas Sarkozy. Réflexion en actes sur la justice, sa pratique et ses fins.

Gilles Sainati

Chantier

Aux lieux de l’école

Plutôt que de prétendre remettre l’École à l’endroit, mieux vaut se porter à l’endroit de l’École : aux lieux où elle se construit, s’exerce, et se risque à autre chose.

Distinction des lieux

par

Il y a eu « l’école de Charlemagne », « le lycée de Napoléon », « l’école de Jules Ferry ». chaque fois, des topologies de savoir et de sens organisent des institutions, leurs espaces, leurs bâtiments, leurs disciplines et le statut des élèves. et maintenant ?
1. Un lieu, sans aucun jeu de mots, c’est là où quelque chose a lieu, a eu lieu ou doit avoir lieu. C’est en somme une destination : ainsi parle-t-on de lieux de culte, de lieux du crime ou de lieux d’aisance. Dans quelle mesure (…) Lire 

Des lycées traversés

par

d’un continent à l’autre, les lycées français perpétuent l’archétype du grand lycée, celui dont la configuration spatiale et symbolique est inscrite dans nos mémoires d’élèves . À travers les murs et les pays, deux lycéennes voyageuses se souviennent.
Des lycées traversés comme autant de lieux interchangeables. Quels que soient le pays, la langue ou la nationalité de l’élève. C’est vrai, si le lecteur se promène, de Nairobi à New York, dans la très reconnaissable patrie des lycées (…) Lire 

Orientation

par

Les lieux de l’école, c’est aussi la question des instances qui la financent. Les moyens ne baissent globalement pas, mais ils sont de moins en moins à la charge de l’état central. Au risque d’aggraver considérablement les inégalités. Examen du budget 2003.
L’historiende l’éducation Claude Lelièvre l’écrivait il y a déjà plus de dix ans : « La conception du rôle de l’État se modifie dans les milieux dirigeants. De la justification d’interventions de l’État dans les processus économiques (…) Lire 

Une pièce unique ouverte sur la rue*

par

Février mille neuf cent quatre-vingt dix-huit.
C’est une pièce qui s’ouvre sur la rue. La lumière pénètre par la porte. À certaines heures les rayons de soleil strient le monde et se posent sur le pavé en pierre lavique de la chaussée. À ces heures, si nous sommes assis au fond de ce local, et que l’on regarde dehors, la rue ressemble à une étroite ruelle vénitienne dans la scène encore vide d’une comédie de Goldoni, juste après le lever du rideau. Tout apparaît alors soumis, inerte. C’est (…) Lire 

Aux lieux de l’école

Arsenal

Sangatte : trois ans de leurre, une fin en trompe-l’oeil

par

Annonce franco-anglaise de la fermeture anticipée du centre de Sangatte, consensus unanime des élus de tous bords, brutalités et surveillance policières. Retour sur le fonctionnement et la liquidation de ce lieu, emblématiques du démantèlement du droit d’asile et des politiques qui visent à rendre invisibles, tout en les criminalisant, les nouvelles « classes dangereuses ».
8 décembre 2002
C’est un bâtiment de métal, grand comme un paquebot, que l’on décida un jour de transformer en (…) Lire 

Arsenal

Processus

Bonjour monsieur Barney

par

Carte blanche à Jean-Philippe Antoine, artiste, philosophe et critique. Dernière promenade dans les méandres de l’exposition Matthew Barney au Musée d’art moderne de la Ville de Paris (MAMVP), qui s’est achevée le 5 janvier 2003. L’occasion de revenir sur les effets d’une exposition, et la présence singulière qu’elle confère à des œuvres – la série des Cremaster – qui, prises isolément, avaient pu ne susciter qu’une curiosité teintée d’amusement et d’ennui. Le point sur un artiste à la (…) Lire 

Une lettre de Philippe Corcuff

Lyon, le 13 septembre 2002
CherEs amiEs de Vacarme,
Je souhaite exprimer quelques réactions quant à votre intéressant numéro de l’été 2002 (n°20) consacré notamment à l’analyse du 21 avril et de ses suites. Je ne reviendrai pas sur les analyses sociologiques de Stéphane Beaud, Annie Collovald et Frédérique Matonti, qui me sont familières et avec lesquelles je converge largement. Je voudrai tout d’abord clarifier les malentendus que l’article de Michel Feher (« Les divisions de la gauche (…) Lire 

Processus

Chroniques

Une journée dans la rade / 1

par

Demain, je dois visiter l’escadre, rencontrer les amiraux. À un moment ils se plaindront, je sais cela. Ils parleront des budgets de l’État, comme on fait allusion au voisin que l’on hait parce que son mode de vie n’est pas compatible avec le nôtre, à mots couverts, parce que l’on ne veut pas laisser paraître une mesquinerie qui nous accable, embusquée au coeur du rapport difficile, lorsque tout de même on sait qu’elle incombe aux deux parties en présence. A priori, j’aime ces individus, (…) Lire 

Rock and roll all night (part 2)

par

Une diva. Il vient de Trappes et on ne fait pas exactement ce qu’on veut avec lui. 1997. Il est jeune et prometteur. À dix-sept ans, il doit progressivement intégrer l’équipe pro. Son entraîneur d’alors est Ricardo. Il se souvient : « Il bossait bien, était respectueux, mais il n’aimait pas trop les conseils. Les autres joueurs trouvaient qu’il avait la grosse tête pour un gamin. Non, il n’a pas fait d’efforts pour s’intégrer dans ce groupe. » Sex Pistols. D’ailleurs il se tire direct à (…) Lire 

Chinese whispers

par

mordred
À présent je n’ai ni avant ni arrière. Je suis comme certaines personnes qui ne vous disent jamais comment elles sont et pourtant vous savez à quel point elles sont comme vous et elles.
J’étais d’une sagesse surnaturelle mais c’était le printemps, il n’y avait personne pour se soucier ni pour faire. C’était le printemps et les jets d’arrosage fonctionnaient.
Baie, enfoncement, rochers visqueux qui sont le plaisir de quelqu’un. Des plaisirs que ne s’en vont pas mais ne restent (…) Lire 

Une vie nouvelle (extrait)

par

I Dans la partie du livre de ma mémoire avant laquelle il y a peu à lire se trouve une rubrique qui dit : « Incipit vita nova. » Sous cette rubrique je trouve écrits les mots que j’ai l’intention de recopier dans ce texte. Et sinon tous, du moins leur sens.
II Neuf fois déjà depuis ma naissance le ciel de la lumière était revenu presque au même point dans sa révolution quand je vis pour la première fois la femme glorieuse de ma pensée, que beaucoup nommèrent Béatrice sans savoir ce que (…) Lire 

Le phasme / du temps ou du bonnet

par

Les phasmes sont des insectes exotiques, certains vivent ici, dans la haie. On dirait de simples petites brindilles de bois clair, immobiles. Je ne sais plus combien de temps dure leur vie, mais je sais que pour grandir ils risquent de mourir. Comme d’autres insectes, ils muent. Leur squelette les contient – Chaque semaine, nous avions la permission de regarder Belle et Sébastien. Vous souvenez-vous de la chanson ? Dans le texte il manquait des passages – Au moment de la mue l’enveloppe du (…) Lire 

Grand-père - gâteau

par

Grand-père est rentré de la guerre et a construit la maison. En bois, pas très grande, dans la banlieue de Kalinine, qui n’était déjà plus la ville et pas encore la campagne — ou le contraire. Entre Leningrad et Moscou, le chemin de fer et l’aérodrome. Après la voie ferrée — « 4, rue après la voie, c’était l’adresse — mais avant la Volga, parce que tout ce qui se trouvait sur la rive opposée se nommait « après la Volga. Ce n’était ni près ni loin de l’eau, des trains et des avions, à une (…) Lire 

Chroniques

Un lieu

Pernambouc, Brésil

La réforme agraire racontée par ses acteurs. Loin des clichés héroïques, des hommes et des femmes présentent les nouveaux visages du Nordest brésilien. La tête haute.

Nous sommes devenus des personnes

par

« Réforme agraire » : un slogan mythique au Brésil. Au-delà du mot d’ordre et des images qu’il évoque, ni des masses anonymes, ni des héros, mais des hommes et des femmes aux parcours variés. Comment un processus qui mêle occupation illégale des grandes plantations de canne à sucre du Nordeste et redistribution de terres par l’État est-il vécu par ses acteurs ? Enquête et exposition sur un monde qui change.
Un dossier réalisé par Benoît de L’Estoile.
Le 27 octobre 2002, Lula, (Luis (…) Lire 

Le monde de la canne à sucre

par

« On a tout le temps vécu dans la culture de la canne à sucre, alors… souvent, les compagnons quand ils chantent, ils chantent des chansons qui parlent de la canne à sucre, la musique qu’ils font est liée à la canne à sucre … à l’alcool, alors on essaie de changer cette culture pour une culture différente, on ne va plus chanter la musique du salarié de la canne, on va chanter la musique du petit producteur. » – Pedro Assunção, Serra d’Agua, septembre 1999
Depuis les débuts de la (…) Lire 

Les campements

par

« Mon épouse a dit : “Apolônio, où vas-tu ?” J’ai dit : je vais occuper la terre ; je ne peux pas rester les bras croisés, à mon âge, je ne trouve plus d’emploi pour travailler, je vais chercher une terre, maintenant le seul chemin est de chercher une terre. » – Apolônio (propos recueillis par Frédéric Viguier et Hernán Gómez), São João, septembre 1997
Depuis le milieu des années 1990, l’agro-industrie sucrière du Nordeste connaît une grave crise. Le relief du Pernambouc gêne la (…) Lire 

Espoirs et inquiétudes

par

Après l’expropriation et la prise de possession officielle par l’Etat, son représentant, l’INCRA, est chargé du contrôle de l’assentamento. Les bénéficiaires d’une parcelle doivent faire l’apprentissage des contraintes d’un nouvel univers. L’INCRA impose la création d’une association des bénéficiaires dirigée par un bureau, forme juridique nouvelle. Il faut apprendre les règles de la discussion collective, et le vote des décisions. La plupart des démarches sont bureaucratisées, notamment (…) Lire 

Une maison en dur

par

«  Ma maison, je vais la faire grande. […] Il y a des gens ici qui veulent montrer ce que c’est que d’être quelqu’un. […] Et ma maison, je vais me battre. Demain je vais au collectif de construction. » – José Vieira, Minguito, 1999
Dans le cadre de l’aide apportée aux assentamentos par l’INCRA, les parceleiros bénéficient d’une subvention pour acheter les matériaux nécessaires à la construction de nouvelles maisons. Cela leur permettra d’habiter chez eux, dans une maison en dur, alors que (…) Lire 

Épilogue (novembre 2002)

par

En septembre 2000, un arrêté présidentiel a exclu du processus d’expropriation toute propriété faisant l’objet d’une occupation illégale, ce qui aboutit à rendre impossible les campements comme mode de revendication privilégié.
Ceux-ci ont alors été installés en bordure de la propriété visée, notamment sur les bords des routes fédérales, qui appartiennent à l’Etat. L’élection de Lula devrait à nouveau changer les règles du jeu.
En novembre 2002, les dirigeants syndicaux de Rio Formoso (…) Lire 

Pernambouc, Brésil
Vacarme 22

Vacarme 22 / hiver 2003

Rédaction en chef la revue Vacarme

Parution le 13 janvier 2003 Édition Vacarme

Pages 124 ISBN 9782915547931

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